“Georges, tu vas gagner tranquillement : ton adversaire n’a pas dormi !“ Dans les coulisses, l’issue du match ne fait aucun doute. Arthur Larsen a traîné toute la nuit. Une fois de plus, le finaliste de l’édition 1954 arrive les traits creusés par une nuit blanche.
Mais cela n’empêchera pas le gaucher américain, au style de jeu brillant et imprévisible, de battre sèchement le Français Georges Deniau (6/0, 6/2, 6/2) ! C’est l’une des mille et une histoires qui circulent autour de ce joueur incroyable qui affirmait volontiers sa différence : “J’ai toutes les apparences d’un type normal, mais je n’en suis pas un.“
“Tappy“, libertaire et adoré des femmes
Né à Los Angeles en 1925, Larsen a écrit les premières lignes de sa légende pendant la Seconde Guerre mondiale. À plusieurs reprises, il échappe en effet miraculeusement à la mort. Lorsqu’il reprend le tennis en 1947, c’est un autre homme qui est au bout de la raquette. Un bohème à l’âme d’enfant un peu libertaire et adoré des femmes, qui entend bien croquer la vie à pleines dents.
Fumeur invétéré, il a toujours un verre ou une cigarette à la main. “Que voulez-vous, je ne sais jamais quoi faire de mes mains !“, s’amusait-il à dire. Superstitieux au point de tapoter du doigt tous les objets se trouvant à sa portée, ce qui lui vaut le surnom de “Tappy”, Arthur Larsen a tout sauf le profil du sportif moderne.