Peut-être frustrés par une première demi-finale bouclée en 1h14, les heureux spectateurs du Centre Court ont assisté à un sommet de tennis entre Ons Jabeur et Aryna Sabalenka. Une nouvelle fois revenue de nulle part, la Tunisienne disputera une deuxième finale consécutive à Wimbledon face à Marketa Vondrousova ce samedi.
Wimbledon J11 : Magique Jabeur, Vondrousova expéditive
Ons Jabeur au sommet de son art pour renverser Aryna Sabalenka et Marketa Vondrousova qui met fin à la belle histoire d’Elena Svitolina… Le récap’ des demi-finales dames !
Ons Jabeur remet ça !
Reprenons notre respiration. Au terme d’un match majestueux, imprévisible et proche du chef d’œuvre sur quelques coups, Ons Jabeur a pu lever les bras et arborer son plus beau sourire, savourant comme il se doit une qualification monumentale pour la finale de Wimbledon. Menée d’un set et d’un break, la Tunisienne a gagné une rencontre qu’elle était sur le point de perdre face à Aryna Sabalenka (6/7(5), 6/4, 6/3). Un bonheur immense et la récompense d’un travail acharné afin de connaître à nouveau la sensation d’être sur le court le dernier samedi de la quinzaine, pour la deuxième fois consécutive.
La 6e joueuse mondiale n’a pas simplement remporté sa troisième demi-finale en autant de tentatives. Elle a irradié le All England Club de son talent, son abnégation et sa résistance légendaire. Comme en quart de finale face à Elena Rybakina, elle a d’abord perdu un premier set qu’elle aurait dû gagner. En maîtrise sur son engagement et dangereuse en retour, elle n’a pas su faire la différence malgré trois balles de break et plusieurs jeux à rallonge. Conséquence directe, elle a été poussée dans un jeu décisif qu’elle a fini par perdre alors qu’elle menait 4 points à 2.
Un coup dur mais pas totalement rédhibitoire pour son mental de championne. Seulement en face, celle qui restera finalement dauphine d’Iga Swiatek à l’issue de ce tournoi a repris du poil de la bête, se montrant toujours aussi agressive mais surtout plus juste. Après un break sur double-faute et 10 points gagnés consécutivement, elle s’est retrouvée dans une position royale, à deux jeux d’une première finale au All England Club et avec deux opportunités de mener 5-3.
Mais comme à son habitude, c’est le moment qu’a choisi la "Ministre du Bonheur" pour faire basculer ce sommet de tennis dans l’irréel. Le poing serré et le regard noir de détermination vers son clan, elle est repartie au combat, à l’image de ce point exceptionnel (mais perdu) à 4-3, 40-40 où elle a terminé allongée sur le sol à la suite de courses dantesques. Comme toujours, elle s’est relevée, a débreaké, avant de prendre définitivement les commandes et d’égaliser à une manche partout.
Devant une foule en quasi liesse, elle ne s’est évidemment pas arrêtée là. "Ça a été très difficile de subir ses services et ses coups agressifs mais merci d’avoir cru en moi jusqu’au bout" a-t-elle d’ailleurs lancé en bord de court. Plus tranchante encore que dans les jeux précédents, elle n’a plus desserré l’étau, remportant 11 points consécutifs sur sa mise en jeu avant d’asséner le coup de grâce sur un nouvel engagement périlleux de la numéro deux mondiale. Le dernier tournant d’un match qui aurait pu basculer d’un côté comme de l’autre. Comme à Roland-Garros, Aryna Sabalenka – qui a sauvé quatre balles de match aujourd’hui – a perdu une demi-finale qu’elle semblait maîtriser, malgré 45 fautes directes au total contre seulement 14 de l’autre côté du filet.
Comme au tour précédent, Ons Jabeur a renversé l’une des trois meilleures joueuses du monde au mental et à la force de son poignet, toujours aussi magique. "Je travaille beaucoup avec ma coach mentale et je pourrais même écrire un livre sur toutes les émotions qui me traversent ! L’ancienne Ons aurait probablement perdu aujourd’hui mais j’ai réussi à continuer à me battre et à trouver la force. J'apprends à transformer la mauvaise énergie en bonne. J’ai ressenti de la colère lors du premier set mais j'ai essayé de rester concentrée et de réaliser qu'il y a des choses sur lesquelles je n'ai aucun contrôle. Elle peut faire un ace à tout moment, elle peut faire un bon service sur une balle de break et c'est un peu frustrant, mais je suis contente d’avoir réussi à l’accepter et d’avoir été chercher au fond de moi-même pour gagner ce match et, je l'espère, ce tournoi !" a-t-elle conclu avant d’être de nouveau ovationnée.
Ce samedi, pour sa troisième finale lors des cinq dernières levées du Grand Chelem, elle aura une nouvelle opportunité d’entrer encore un peu plus dans l’histoire en devenant la première joueuse du monde arabe à remporter un Majeur.
Vondrousova maîtrise Svitolina et ses nerfs
Pour la première fois dans l’ère Open, deux joueuses non têtes de série s’affrontaient en demi-finale de Wimbledon. Une affiche surprenante – remake du dernier carré des Jeux Olympiques de Tokyo – qui a nettement tourné en faveur de Marketa Vondrousova, tombeuse d’une Elina Svitolina visiblement émoussée par ces deux dernières victoires face à Victoria Azarenka et Iga Swiatek (6/3, 6/3 en 1h14).
Un score qui aurait d’ailleurs pu être plus lourd, si l’Ukrainienne n’avait pas profité du stress de son adversaire en fin de rencontre. D’abord accrocheuse, pour recoller immédiatement après avoir été breakée blanc dans le 5e jeu de la rencontre, "Svito" a été mise au supplice par les trajectoires courtes et enroulées de la gauchère, ajoutées à quelques slices et lobs de grande qualité. Le trou noir d’un côté, la lévitation de l’autre et sept jeux inscrits consécutivement par la Tchèque pour s’envoler vers une deuxième finale de Grand Chelem après celle disputée à Roland-Garros en 2019.
Mais si on aime tant le tennis, c’est aussi parce que c’est un sport qui peut rendre fou. Alors qu’elle a eu cinq opportunités de mener 5-0 sur son service dans la deuxième manche, son bras a commencé à sérieusement trembler. Une fameuse peur de conclure qui l’a tétanisée au milieu du court et lui a fait commettre des erreurs bien inhabituelles. Il n’en fallait pas plus pour que son adversaire parvienne enfin à stopper l’hémorragie et s’accroche à un timide espoir, poussée par un public du Centre Court qui voulait en voir plus.
Revenue à 4-3, la joueuse titrée à Strasbourg cette saison a malheureusement commis de nouvelles fautes grossières sur son engagement, offrant ainsi la possibilité à Vondrousova de servir pour le gain du match. Et cette fois, elle ne s’est pas laissée prier pour devenir la première joueuse non tête de série de l’ère Open à atteindre la finale de Wimbledon, la deuxième moins bien classée depuis l'existence du classement WTA.
Une nouvelle consécration et une très belle récompense pour la 42e joueuse mondiale, longtemps gênée par les blessures et qui n’a joué qu’une demi-saison l’an passé en raison d’une opération au poignet. Elle qui n'avait remporté que 4 matchs sur gazon depuis ses débuts sur le circuit professionnel se retrouve donc à une marche du plus beau titre de sa vie. Après avoir battu 4 têtes de série durant son glorieux parcours (Veronika Kudermetova (n°12), Donna Vekic (n°20), Marie Bouzkova (n°32) et Jessica Pegula (n°4)), parviendra-t-elle à créer une nouvelle petite sensation face à Ons Jabeur ? Réponse ce samedi.