Coupe Davis : l’Italie de Sinner et Berrettini poursuit son règne

Les Transalpins ont brillamment conservé leur titre à Malaga.

Filippo Volandri, Lorenzo Musetti, Jannik Sinner, Matteo Berrettini & Simone Bolelli / Italie Coupe Davis 2024©Thomas Coex / AFP
 - Romain Vinot

Quelle semaine pour l’Italie ! Quatre jours seulement après un cinquième sacre en Billie Jean King Cup, les Azzurri ont confirmé leur domination sur le tennis mondial en remportant une deuxième Coupe Davis consécutive, devenant ainsi le cinquième pays à réussir le doublé messieurs – dames la même année. Par ailleurs, depuis la République Tchèque (en 2012-2013), aucune équipe nationale n’était parvenue à conserver son Saladier d’argent.

Une domination quasi-totale

Grands favoris de la compétition, les joueurs de Filippo Volandri ont donc parfaitement assumé leur statut et n’ont jamais douté de leurs forces, à l’exception peut-être de leur rencontre inaugurale face à l’Argentine. Après un premier duel remporté à l'issue du double décisif par Matteo Berrettini et Jannik Sinner, les deux hommes forts de cette phase finale ont écrasé la concurrence pour apporter une troisième Coupe Davis à leur pays.

Vainqueurs de l’Australie dans le dernier carré (2-0), ils ne sont pas tombés dans le piège tendu par les Pays-Bas, qui accédaient à la dernière marche pour la première fois de leur histoire après avoir notamment mis fin à la carrière de Rafael Nadal lors de leur entrée en lice. Bien lancés par un succès éclair de Berrettini face à Botic Van de Zandschulp (6/4, 6/2 en 1h16), les Italiens ont une nouvelle fois pu compter sur le boss du jeu pour déclencher le bouquet final contre un Tallon Griekspoor pourtant accrocheur dans la première manche (7/6(2), 6/2 en 1h31).

"Revenir en tant que champions en titre et gagner à nouveau est une sensation incroyable pour chacun d’entre nous, a expliqué Sinner. Toute l’équipe s’est donnée à 100% et il y a énormément de travail en coulisses, dans l’ombre. Le capitaine a pris des décisions difficiles et nous sommes tous très heureux de soulever ce trophée et bien sûr, d’aborder la pré-saison avec une bonne dose de confiance."

Invincible Sinner

Ce dernier succès logique vient conclure en beauté la saison exceptionnelle du n°1 mondial. Titré individuellement à huit reprises, le vainqueur de l’Open d’Australie, de l’US Open et des Finales ATP de Turin n’a concédé qu’une seule défaite depuis le mois d’août, en finale de l’ATP 500 de Tokyo face à Carlos Alcaraz. Mieux, actuellement sur une série de 14 victoires consécutives (en incluant ses trois rencontres en simple à Malaga), il n’a plus perdu le moindre set depuis le 6 octobre (au deuxième tour du Masters 1000 de Shanghai contre Tomas Martin Etcheverry). Des performances et des chiffres mémorables puisque Sinner a officiellement bouclé son exercice 2024 auréolé de 73 victoires – pour seulement 6 défaites –, soit le plus haut total depuis les 78 succès d’Andy Murray en 2016.

Leader incontesté et incontestable du circuit, le natif de San Candido s’est une nouvelle fois mué en facteur X pour hisser sa sélection sur le toit du monde. Un leadership, une force mentale et une puissance qui n’ont pas laissé ses coéquipiers indifférents.

"Être à ses côtés est une expérience particulière et pour être honnête, l’an passé, on se regardait les uns et les autres en se disant que ce type était autre chose, qu’il était différent, a souri Matteo Berrettini. On se disait tous qu’on n’avait jamais vu quelqu’un frapper aussi fort, à plat, avec autant de réussite. On aurait dit qu’il ne pouvait pas manquer le moindre coup. Depuis la finale 2023, je crois qu’il a perdu six matchs et il a prouvé qu’il était le meilleur joueur du monde. C’est le gars le plus humble de la planète et il est arrivé ici comme s’il n’avait pas gagné les finales ATP et tous les autres titres remportés cette année. Il a montré beaucoup de respect pour l’équipe. Avant que nous entrions sur le court pour notre double (en quarts de finale face à l’Argentine, ndlr) il a voulu s’assurer que tout le monde était d’accord avec cette décision et c’est quelque chose de spécial […] Du point de vue du tennis, il est très impressionnant mais c’est la manière dont il gère ce qu’il se passe en dehors des terrains et sa relation avec les membres de l’équipe qui le rendent spécial. Et c’est aussi pour ça que nous avons gagné cette compétition deux ans de suite."

Berrettini, le retour du chevalier

Mais puisque par définition, une compétition par équipe ne peut se gagner seul, le "renard" a pu compter sur des coéquipiers exemplaires, que ce soit sur le banc (Lorenzo Musetti, Simone Bolelli, Andrea Vavassori) mais aussi au cœur du volcan José Maria Martin Carpena de Malaga. Présent l’an passé pour soutenir ses compatriotes, Matteo Berrettini n’avait pas pu prendre part au festin en raison d’une cheville toujours douloureuse. Un crève-cœur pour le finaliste de Wimbledon 2021, qui espérait pouvoir apporter davantage à l’occasion de cette édition 2024. Et la réalité a dépassé toutes ses espérances.

Tout d’abord, suite à la défaite inaugurale de Lorenzo Musetti contre Francisco Cerundolo, il a apporté le point décisif en double. En affichant une forme étincelante et une mentalité de champion, il a convaincu son capitaine de le promouvoir n°2 face à l’Australie et les Pays-Bas. Résultat ? Deux victoires en simple contre Thanasi Kokkinakis et "VDZ" pour lancer sa nation vers la gloire !

 "Quand vous gagnez, c’est encore mieux mais être en bonne santé, être ici et profiter de ce genre d’atmosphère, c’est le plus important pour moi, a confié celui qui a connu de nombreux pépins physiques ces dernières saisons. Ce ne sont pas les victoires ou les défaites qui m’ont manqué, ce sont ces moments. L’année dernière, c’était vraiment important pour moi d’être là, parce que j’ai soutenu mes partenaires, j’étais heureux pour eux mais aussi pour moi. Ces matchs m’ont donné beaucoup d’énergie. J’ai réalisé une fois de plus à quel point la Coupe Davis me tient à cœur. En vivant ces moments, je me suis dit : ‘L’année prochaine, tu reviendras et tu te battras pour l’Italie’. Ça m’a servi de moteur pour tout ce qui est arrivé ensuite."

Nul doute que ce nouveau sacre collectif fera office de carburant individuel pour tous les Italiens en 2025…