A la fin, il n’en restera qu’un. Pendant une semaine, tous les regards seront tournés vers le Piémont, où se déroulent les finales ATP pour la troisième année consécutive. Tout juste auréolé d’un 7e titre au Rolex Paris Masters, Novak Djokovic se présente en grand favori à sa propre succession. Mais anciens champions et nouveaux venus ont tous la même ambition : finir maître d’une saison 2023 en tous points exceptionnelle.
Finales ATP : qui pourra stopper Novak Djokovic ?
Les huit meilleurs joueurs de l’année sont réunis à Turin du 12 au 19 novembre à l’occasion du grand gala de fin de saison.
Djokovic chasse (encore) un record
Il ne s’en est jamais caché, Novak Djokovic joue pour les lauriers, les records, l’histoire. Lui qui a remporté son 6e titre de l’année dimanche dernier à Paris (son 97e en carrière, le 40e en Masters 1000 et le 7e à Paris…) a d’ores et déjà annoncé qu’il regardait vers l’avenir. "Je me focalise toujours sur le prochain défi, a-t-il confirmé en conférence de presse. Tant que je serai joueur, j’aurai cet état d’esprit. Je suis très fier de ce que j’ai accompli ici (au Rolex Paris Masters) mais c’est déjà derrière moi. Je ne sais pas si c’est heureux ou malheureux mais c’est comme ça que je fonctionne et je pense que c’est la bonne mentalité pour aller de l’avant. Je veux gagner encore, jouer au plus haut niveau et les tournois du Grand Chelem et les Masters sont les événements les plus importants de notre sport."
Déjà détenteur du plus grand nombre de distinctions en Majeurs (24), le Serbe aura une fois de plus l’occasion de combler son immense appétit du côté de Turin. Codétenteur du record de sacres chez les maîtres (6), il jouera avec la ferme intention de définitivement placer Roger Federer dans son rétroviseur. Et si le format et la concurrence ne lui rendront pas la tâche facile, le tenant du titre pourra s’inspirer de son parcours immaculé de l’an passé pour surfer sur son incroyable vague d’invincibilité (18 victoires consécutives et 33 succès pour une seule défaite sur dur cette saison).
"J’ai réalisé un score parfait à Turin l’année dernière avec cinq victoires en cinq matchs. J’aime jouer là-bas et j’ai une bonne connexion avec le public italien. J’y vais avec de très bonnes sensations et beaucoup de confiance. Je n’ai pas perdu un seul match depuis la finale de Wimbledon et je suis vraiment enthousiaste à l’idée de terminer la saison en beauté", a-t-il conclu sur le sujet. Un exercice 2023 qu’il bouclera selon toute vraisemblance tout en haut de la hiérarchie mondiale pour la 8e fois de sa carrière puisqu’une seule petite victoire lui assurera le trône. Placé dans le "groupe vert", le patron du circuit possède un bilan au mieux positif, au pire égal avec ses trois premiers adversaires : Jannik Sinner (3-0), Stefanos Tsitsipas (11-2) et Holger Rune (2-2)…
Le seul joueur à pouvoir encore le faire descendre de son piédestal n’est autre que son bourreau du All England Club, Carlos Alcaraz, placé dans le "groupe rouge" en compagnie de Daniil Medvedev, Andrey Rublev et Alexander Zverev.
Alcaraz, Rune : débuts tonitruants ?
Célébré l’an dernier ici-même en tant que n°1 mondial, le Murcien va effectuer ses grands débuts au tournoi des maîtres. Blessé et contraint à l’abandon lors de son quart de finale face à Holger Rune au Rolex Paris Masters 2022, il n’avait pas pu s’aligner à Turin, remplacé alors par Taylor Fritz. Un crève-cœur vite oublié par "Carlitos", auteur d’une saison exceptionnelle et premier qualifié pour cette édition 2023 à l’issue de son incroyable sacre à Wimbledon.
Seul joueur à compter autant de titres que Novak Djokovic (6) dans l’exercice en cours, il espère le dépasser en le battant une nouvelle fois dans l’un de ses nombreux jardins. Un joli lot de consolation pour celui qui a désormais besoin d’un miracle pour récupérer son trône (il faudrait en effet qu’il remporte tous ses matchs et que "Nole" n’en gagne pas un seul). Forfait à Bâle et éliminé dès son entrée en lice à l’Accor Arena, le protégé de Juan Carlos Ferrero espère être à 100%. "J’ai du temps avant les Finales ATP, a-t-il rappelé au sortir de sa défaite face à Roman Safiullin. J’ai de nombreux jours d’entraînement pour atteindre le niveau auquel je veux évoluer."
Carlos Alcaraz ne sera par ailleurs pas le seul novice à vouloir briller aux Finales ATP. Monté dans l’avion à la dernière minute grâce à son quart de finale disputé à Paris, Holger Rune dispose d’une occasion en or de sublimer sa saison. Finaliste à Monte-Carlo et Rome puis quart de finaliste à Roland-Garros et Wimbledon, son ascension programmée a été minée par une blessure lancinante au dos et des éliminations beaucoup trop précoces lors des tournées américaine et asiatique. Mais l’ambitieux Danois promis à un avenir radieux a retrouvé des couleurs en Suisse et en France, sous la houlette de Boris Becker.
A noter que c’est la première fois depuis 2000 (Lleyton Hewitt, 19 ans et Marat Safin, 20 ans) que deux joueurs de 20 ans ou moins seront alignés au Masters.
Sinner à domicile
Mais si le n°1 mondial et son dauphin seront scrutés par tous les observateurs, le joueur le plus attendu de cette prestigieuse réunion sera bel et bien Jannik Sinner. Vainqueur de son premier Masters 1000 à Toronto en août, le chouchou du public est en pleine ascension et se présente à Turin avec de solides références. Vainqueur de neuf de ses onze dernières confrontations face à des membres du Top 20, il a notamment réussi l’exploit de battre coup sur coup Carlos Alcaraz et Daniil Medvedev pour s’adjuger le titre à Pékin et s’ouvrir les portes d’un deuxième Masters à domicile, le premier en tant que "titulaire".
En 2021, l’actuel 4e joueur mondial avait en effet remplacé au pied levé son compatriote et ami Matteo Berrettini. "C’était un moment difficile pour moi parce que Matteo s’était blessé, a-t-il confié dans le podcast de l’ATP. C’était compliqué de jouer pour lui mais j’ai l’impression d’avoir bien géré la situation. J’avais très bien joué lors des deux matchs donc j’ai hâte de revenir en tant que vrai qualifié. J’ai l’impression qu’on se sent mieux dans cette position parce que si on se qualifie directement, c’est qu’on a eu une très bonne année et je suis très heureux d’être dans cette situation."
Nul doute qu’il fera tout pour améliorer son bilan (1-1) et atteindre la phase finale pour la première fois de sa carrière.
Trois champions et un habitué
Si la hype autour de ce dernier grand rendez-vous de la saison est extrêmement forte, c’est aussi parce que le plateau a rarement semblé aussi prestigieux et équilibré. Outre les quatre joueurs précédemment cités, trois anciens champions se présenteront dans l’arène turinoise. Sacré en 2018 et 2021, Alexander Zverev a définitivement validé son retour aux affaires après sa grave blessure à la cheville, en remportant deux titres, à Hambourg et Chengdu. Dès la phase de poules, l’Allemand croisera le fer avec Daniil Medvedev, titré en 2020. Quasi imbattable sur dur cette saison, il y a glané quatre trophées (Rotterdam, Doha, Dubaï, Miami) et disputé quatre autres finales (Indian Wells, US Open, Pékin, Vienne). Avec d’ores et déjà 64 victoires au compteur, le n°3 mondial est le joueur qui a le plus gagné cette saison (devant Carlos Alcaraz et ses 63 succès).
Auteur d’une saison plus mitigée malgré un sacre à Los Cabos, Stefanos Tsitsipas va participer à sa cinquième édition consécutive. Champion en 2019, le Grec veut confirmer son regain de forme aperçu au Rolex Paris Masters, tournoi au cours duquel il a rallié le dernier carré et remporté sa 300e victoire sur le circuit professionnel. Un stade de la compétition également atteint par Andrey Rublev, jamais couronné lors des Finales ATP mais qui sort du plus bel exercice de sa carrière. Vainqueur de son premier Masters 1000 à Monte-Carlo et quart de finaliste à l’Open d’Australie, Wimbledon et l’US Open, il n’attend désormais qu’une chose : que son exceptionnelle régularité soit enfin récompensée d’un titre majeur.