Stephens et Keys, pourquoi ce déclic ?

On ne s'y attendait pas forcément mais une Américaine va disputer la finale à Paris.

Duel Stephens Keys
 - Julien Pichené

Les deux finalistes du dernier US Open s'affrontent jeudi pour une place en finale de Roland-Garros, sur une terre battue où, hors Serena Williams, les Américaines sont rarement à pareille fête. Surprenant ? Oui et non. On peut trouver des explications à ces bons parcours conjoints de Madison Keys et Sloane Stephens.

Parce qu'elles sont toujours à l'aise quand il y a de l'enjeu

Madison Keys et Sloane Stephens aiment les tournois majeurs. C'est un fait : elles apprécient la Fed Cup (tenantes du titres, elles joueront à nouveau la finale en novembre), les grands matchs à enjeu et les confrontations face aux joueuses du Top 10 (25 victoires à elles deux, 13 pour Keys et 12 pour Stephens). La première est désormais une cliente régulière des deuxièmes semaines de Grand chelem et elle a atteint la finale du dernier US Open, qu'elle a perdue contre la première. "L'US Open, j'ai l'impression que c'était il y a 12 ans tellement c'est loin ! Mais évidemment, j’utilise ce que j'ai appris là-bas, la manière dont j'ai réussi à gérer mes émotions à ce moment-là."

Quant à Sloane Stephens, elle a retrouvé depuis l'été dernier le fil du succès et d'un début de carrière fulgurant, marqué notamment par une prometteuse demi-finale à l'Open d'Australie 2013, assortie d'une victoire sur Serena Williams. Il semble évident que sa victoire new yorkaise, aussi surprenante soit-elle, l'a amenée à revoir à la hausse ses objectifs et l'a totalement décomplexée. "Je pense que c'est important de bien jouer ici et d'avoir de bons résultats. J'aime mieux jouer en Grand chelem et ce sera toujours le cas."

Parce qu'elles ont bien tiré profit de leurs tableaux respectifs

Tête de série n°13, Madison Keys n'a pas eu à croiser le fer avec les deux joueuses les mieux côtées de son quart de tableau. Elina Svitolina (n°4) a été sortie dès le troisième tour par Mihaela Buzarnescu (n°31) et la tenante du titre Jelena Ostapenko (n°5) a disparu dès le premier tour contre Kateryna Kozlova. Mais Madison a tout de même dû affronter avec la Japonaise Naomi Osaka (n°21), qui a eu deux balles d'égalisation à un set partout au troisième tour. "Et quand vous surmontez un moment comme celui-ci dans un tournoi majeur, cela vous aide pour la suite." De son côté, Sloane Stephens a connu sensiblement la même destinée, Petra Kvitova (n°8) et Caroline Wozniacki (n°2) ayant en effet perdu avant de pouvoir proposer à l'Américaine de les défier.

Parce qu'il fait chaud et que la terre est rapide

Certes, il est tombé des cordes ce mercredi mais globalement, depuis le début de la quinzaine, les températures sont élevées, tout comme le taux d'ensoleillement. Pour Keys en particulier, il est évident que ça aide, tant la chaleur accélère les conditions de jeu sur terre battue, rendant ainsi ses frappes aussi définitives que sur dur ou gazon. "J'ai eu de la chance de jouer la plupart de mes matchs des jours où il faisait chaud, ça rebondissait bien. Mais même à Stuttgart, où la terre est plus humide, j'ai fait un bon match cette année."

Parce qu'elles sentent mieux le jeu sur terre battue

La terre battue ne sera peut-être jamais la surface préférée des deux Américaines, mais il y a clairement du mieux depuis quelques mois et c'est évidemment la raison essentielle de leur parcours cette année. Madison Keys (n°13) a évoqué ces progrès effectués après sa victoire en quarts de finale sur Yulia Putintseva. "Je me sens beaucoup plus à l'aise sur terre, surtout cette année." Est-ce un conseil de sa coach Lindsay Davenport ? En tout cas, la cogneuse Keys a su faire preuve d'un peu plus de patience dans l'échange. "Contre Putintseva, j'ai réussi ce que j'ai voulu mettre en place. A certains moments, j'ai dû reculer un peu pour frapper la balle. Avant, j'aurais été plus impatiente. Aujourd'hui j'ai vu que je pouvais être bonne sur la terre battue tout en étant aussi agressive dans le jeu. C'est à Rome que je me suis rendue compte que j'allais dans la bonne direction." Pour Sloane Stephens, l'analyse est moins poussée. La Floridienne, dont la capacité d'adaptation au jeu adverse était déjà la qualité première, n'a noté aucun déclic précis, se contentant (ce qui est déjà pas mal) d'affirmer qu'elle est heureuse d'être là. "Je ne sais pas si je suis une très bonne joueuse sur terre battue mais j'aime bien jouer sur terre battue."

Parce que les Américains aiment Roland-Garros

On va aller là à l'encontre d'une des plus grandes idées reçues concernant le tennis américain et la terre battue : oui, les Américains savent jouer sur terre battue. Avec leurs armes, certes, c'est-à-dire pas celles des terriens "traditionnels", mais avec une absence totale de complexes caractéristique de tous les champions américains. D'Helen Wills à Chris Evert, de Tony Trabert à Jim Courier, de Maureen Connolly à Serena Williams, de Donald Budge à Andre Agassi... Le palmarès de Roland-Garros fourmille de drapeaux "stars and stripes". Alors... à qui de tenter sa chance ce samedi ?