Battue pour la quatrième fois en autant de rencontres par Jelena Ostapenko, Iga Swiatek ne conservera pas son titre à l'US Open et ne sera plus n°1 mondiale lundi prochain.
US Open J7 : Swiatek perd ses deux couronnes
Une reine déchue de son titre et de son trône, une finaliste de Roland-Garros qui confirme et une génération américaine enthousiasmante et soudée : le point sur la J7 de cet US Open 2023.
Ostapenko met Swiatek K.O
La terre a tremblé peu avant 00h00 du côté de New York. A l'issue d'une rencontre spectaculaire durant laquelle coups gagnants et fautes directes se sont succédés sans interruption pendant 1h47, c'est Jelena Ostapenko qui s'est tournée vers son clan avec le sourire et le poing serré. Comme lors de leurs trois précédentes confrontations, la puissance de feu de la Lettonne a mis au supplice une Iga Swiatek dans l'incapacité de s'organiser pour prendre le jeu à son compte.
Bousculée dans la première manche, la Polonaise a été débordée dans la deuxième et submergée dans la troisième. En conséquence, elle ne deviendra pas la première joueuse à conserver son titre à New York depuis Serena Williams (2012-2014) et surtout, elle ne sera plus numéro un mondiale, le 11 septembre prochain.
Pour rester sur le toit du monde, la championne de Roland-Garros devait gagner un match de plus qu'Aryna Sabalenka dans cet US Open 2023. Une perspective encore envisageable à l'issue d'un premier set glané grâce à une vivacité et une précision habituelles chez la patronne du circuit. Another day at the office, pouvait-on alors penser. Mais c'était un peu vite oublier les qualités de son adversaire et son bilan immaculé de trois victoires en trois confrontations face à la future ex-reine du circuit.
Comme en tout début de rencontre, Ostapenko est parvenue à breaker d'entrée de deuxième manche. Une avance perdue suite à deux doubles fautes malheureuses à 4-2 mais le sentiment bien présent qu’un énorme orage menaçait le ciel du court Arthur Ashe, jusqu’ici bleu azur pour les autres ténors du jour. Sans le savoir, en revenant à 4-3, la favorite de cette édition 2023 venait d’inscrire l’avant dernier jeu de sa rencontre, avant qu’un ouragan ne s’abatte sur la visière de sa casquette.
Bien plus en réussite que lors de ses matchs précédents (31 coups gagnants pour seulement 20 fautes directes), la 21e joueuse mondiale a poursuivi son entreprise de démolition tout au long du set décisif, enchaînant les coups droits dévastateurs et les retours inatteignables. Incapable de s’organiser, Swiatek a bien essayé de sautiller et de se parler pour sortir la tête de l’eau mais rien ne semblait pouvoir enrayer la dynamique adverse. Après avoir encaissé un sévère 5-0 (sept jeux d’affilée au total), son débreak pour revenir à 5-1 a eu des allures de dernier baroud d'honneur. Dans le jeu suivant, la joueuse titrée Porte d'Auteuil en 2017 n'a eu aucun mal à conclure son récital sur un dernier coup droit gagnant dans le coin d'un court qu'elle aura fait visiter dans les grandes largeurs à la tenante du titre (3/6, 6/3, 6/1 en 1h48).
"Je n'avais rien à perdre aujourd'hui, a-t-elle confié en conférence de presse. Je savais que ça allait être un match très difficile mais j'étais prête à livrer bataille. Même si je n'ai pas vraiment réussi à développer mon jeu dans la première manche, je me suis battue pour essayer de retrouver de bonnes sensations et être agressive [...] Evidemment, je connaissais ses qualités, c'est une excellente joueuse, très régulière ces dernières années. Mais je savais aussi qu'elle allait avoir beaucoup de pression parce qu'elle pouvait perdre la place de numéro un mondiale en cas de défaite contre moi. J'ai juste essayé de lui rendre la vie difficile, d'imposer mon style et de me battre jusqu'au dernier point."
La stat' du jour : 75
Lundi 11 septembre marquera l'avènement d'une nouvelle numéro un mondiale (la 29e) sur le circuit WTA. En effet, avant même de disputer son huitième de finale ce lundi contre Daria Kasatkina, la championne de l'Open d'Australie Aryna Sabalenka est mathématiquement assurée de s'asseoir sur le trône à l'issue de cet US Open 2023. Un événement qui mettra fin à 75 semaines de domination consécutives pour Iga Swiatek. "Habituellement, je ne regarde pas vraiment les chiffres mais malgré tout je les aime. J'aurais bien voulu étendre cette marque un peu plus, a confié la vaincue du soir face à la presse. Quand vous perdez cette place, vous ressentez forcément de la tristesse. Mais comme je l'ai déjà dit, tous les grands joueurs (elle cite Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic) savent comment revenir, en travaillant dur, en se concentrant sur les choses importantes et en progressant."
Gauff continue de s'affirmer
Un autre grand défi attend désormais Jelena Ostapenko. "Ce sera encore un match très difficile, c'est une jeune joueuse très talentueuse. Je l'ai jouée en Australie et c'était une belle rencontre. Je vais essayer de me concentrer sur mon jeu et d'en profiter." En effet, un peu plus tôt ce dimanche sous la chaleur écrasante du soleil new-yorkais, Coco Gauff a de nouveau livré une prestation de patronne pour mettre fin au magnifique come-back de Caroline Wozniacki à Flushing Meadows (6/1, 3/6, 6/1). Poussée dans ses retranchements après la perte du deuxième set et un nouvel échange de breaks dans le troisième, la joueuse titrée à Cincinnati a fait preuve de caractère et d'autorité pour définitivement faire basculer une rencontre jusqu'ici indécise.
De quoi devenir la première teenager américaine à réaliser un somptueux back-to-back en quarts de finale de l'US Open depuis une certaine Serena Williams. La confiance, le jeu, le show : tout est réuni pour assister à un très gros combat, ce mardi.
La confirmation du jour : Muchova remet ça
En septembre 2022, Karolina Muchova occupait le 235e rang mondial au moment de son élimination au premier tour de l’US Open. Minée par plusieurs blessures au cours de sa carrière, la Tchèque a toujours eu la force mentale et physique pour revenir. Et grand bien lui en a pris puisqu’un an plus tard, cette joueuse longtemps considérée par le reste du circuit comme une dangereuse coupeuse de têtes a désormais un siège à son nom dans le Top 10 et s’apprête à disputer son premier quart à New York. Artiste sur les courts et en dehors, elle confirme que son parcours jusqu’en finale de Roland-Garros n’était ni un hasard, ni un one shot.
Poussée au tie-break par Taylor Townsend au 3e tour de cet US Open, la joueuse de 27 ans ne s’est pas non plus baladée face à la Chinoise Xinyu Wang, qu’elle rencontrait pour la première fois. Combinées à de faibles pourcentages de points gagnés derrière leur deuxième balle (39% et 34%), la puissance et l’agressivité des protagonistes en retour expliquent la pluie de breaks (15) qui s’est abattue sur le Louis Armstrong. Malgré cinq balles de set sauvées, Muchova a concédé sa première manche de la quinzaine avant de réussir à remettre de l’intensité pour définitivement prendre le large (6/3, 5/7, 6/1 en 2h34). "Je suis contente d’avoir réussi à conclure et que ce soit enfin terminé, a-t-elle sourit sur le court après la rencontre. Au troisième set, j’ai retrouvé mon jeu, j’ai fait davantage de slice et changé le rythme. C’était la clé pour gagner."
Ce mardi, elle livrera un duel de novices à ce stade de la compétition face à Sorana Cirstea. Déjà victorieuse d’un thriller nocturne face à Elena Rybakina, la tête de série n°30 a livré une nouvelle prestation de haut vol pour dominer Belinda Bencic en deux sets secs (6/3, 6/3 en 1h25). Un succès qui lui permet de devenir la joueuse la plus âgée à atteindre pour la première fois les quarts de finale à Flushing Meadows (33 ans).
"Je l'ai battue cette année à Miami et j'ai perdu contre elle à Montréal, a rappelé la Roumaine en conférence de presse. Nous avons disputé des matchs très difficiles, ce sont des batailles très serrées à chaque fois. Je la connais, elle me connaît. Encore une fois, c'est une joueuse très talentueuse qui joue très bien depuis le début de l’année. Je m'attends vraiment à un match difficile mais je suis très heureuse et reconnaissante d'être ici. Je vais saisir cette nouvelle opportunité de donner le meilleur de moi-même. Je pense que ce sera un match très amusant."
La folie maison : encore un quart pour Shelton !
Battu par Tommy Paul en quarts de finale de l’Open d’Australie en janvier dernier, Ben Shelton a pris une revanche éclatante sur son compatriote pour devenir, à 20 ans, le plus jeune Américain à rallier ce stade de la compétition à l’US Open depuis Andy Roddick en 2002. Rapidement mené 3-0 dans la manche inaugurale, le champion NCAA 2022 a fait chauffer son bras gauche magique pour recoller puis se détacher assez nettement.
Avec un nouveau service supersonique à 239 km/h dans la troisième manche, il a même amélioré son propre record enregistré au tour précédent contre Aslan Karatsev (236 km/h). Un set qu’il a fini par perdre alors qu’il menait 4-1. Un accroc sans incidence pour celui qui gagnera au minimum 20 places lors de la publication du prochain classement ATP (de la 47e à la 27e). Avec son insouciance, son talent et désormais sa petite expérience des grands rendez-vous, il se remet de tout. "J’ai appris à être plus fort mentalement, a-t-il expliqué. En Australie, après une longue semaine de matchs, j’avais dit à ma box que je n’avais plus de jambes et que j’étais fatigué, mort. Mais j’ai réalisé combien c’était important de croire en moi. Je sais depuis que je peux aller au bout émotionnellement et physiquement. Maintenant, j’ai cette conviction ici."
Des séries de victoires, celui qui n’avait remporté que 12 matchs avant cet US Open sur le circuit principal pour sa première année complète et ses premiers voyages en Europe en 2023, n’en a pas connu beaucoup dans sa carrière. Mais quand il décide de performer, c’est en Grand Chelem et c’est une qualité indéniable.
Toujours engagé en double mixte en compagnie de Taylor Townsend, Ben Shelton va désormais devoir se préparer à un nouveau match fratricide face à Frances Tiafoe. Le demi-finaliste sortant a rapidement pris la mesure de l’une des belles histoires de cette édition 2023, la wild-card australienne Rinky Hijikata (6/4, 6/1, 6/4). Deux showmans américains véloces et dont la puissance fait des ravages sur le plus grand court de tennis du monde ? Sortez le seau de pop-corn. "C’est Bugs Bunny ! Il a une énergie folle, il va me courir après et je vais faire la même chose, a expliqué l’ainé des deux joueurs. Ça va être une belle bataille, on va vraiment se battre à fond. Ce sera dans la 'big house' et j’ai l’intention de retrouver les demi-finales."
Djokovic au régime américain
Emmené dans un combat en cinq sets – après avoir laissé échapper les deux premiers – par son compatriote Laslo Djere lors de sa précédente night session, Novak Djokovic était davantage pressé de rentrer se coucher ce dimanche soir. Opposé à Borna Gojo, le Djoker a fait parler sa science du retour et de la ligne de fond de court pour essorer son adversaire issu des qualifications (6/2, 7/5, 6/4 en 2h26). "Même si je ne l'avais jamais affronté, je savais que Borna avait un jeu puissant, a expliqué le Serbe après la rencontre. J'ai vu ses matchs en qualifications et dans le tableau principal et j'ai vu qu'il avait de belles armes, un gros service et un bon coup droit. Et il bouge plutôt bien pour un grand gaillard ! Une des clés du match était de neutraliser son service pour éviter qu'il fasse trop d'aces ou de coups gagnants."
Loin de renoncer, le Croate a tout tenté (40 coups gagnants) mais a également beaucoup manqué (40 fautes directes). Surtout, bien que convertie, sa seule opportunité de break n'a pas pesé lourd face à un receveur de la trempe du Djoker. Une victoire qui lui donne le droit de disputer un 57e quart de finale en Grand Chelem, le 13e à New York. Mais évidemment, celui qui reprendra possession du trône mondial lundi 11 septembre vise plus haut et plus loin. Pour cela, il devra refroidir les ardeurs des champions made in USA, à commencer par Taylor Fritz, vainqueur de Dominic Stricker. "Taylor fait partie du Top 10 depuis quelques années et il joue un tennis formidable, en particulier lors des tournois sur dur aux États-Unis. Il s'est tellement amélioré au fil des saisons. Forcément, les matchs vont devenir de plus en plus difficiles mais je suis prêt à relever ce défi" a conclu "Nole".