Tombeur sans sourciller de Stefanos Tsitsipas au deuxième tour (sa première victoire contre un Top 10 depuis Indian Wells 2022), Gaël Monfils a confirmé son retour fracassant en disposant aisément de l’Australien Aleksandar Vukic. Un succès synonyme de qualification pour un 17e quart de finale en Masters 1000, le premier depuis Toronto en 2021. De quoi surtout intégrer un Top 8 très relevé, aussi bien chez les hommes que chez les dames, qui bataillent de leur côté à Montréal.
Un choc générationnel pour Monfils, les stars au rendez-vous
Déjà auteur d’un superbe parcours, le Français a rendez-vous avec Jannik Sinner pour une place dans le dernier carré à Toronto.
Bienvenue au vintage show de la Monf’
Une bonne dose d’explosivité, des déplacements fulgurants, une concentration à toute épreuve et une pincée de show pour épicer une recette gagnante depuis de très nombreuses années : pas de doute, on a retrouvé le Gaël Monfils qu’on aime. Celui qui ne lâche jamais, qui dunk pour conclure un rallye, qui crie sa rage aux tribunes et qui claque des coups droits gagnants à 188 km/h…
Un niveau affiché bien supérieur à son classement (il est 276e mondial cette semaine) et quelque peu inattendu au vu d’une saison quasi blanche, marquée par une victoire "à la Monfils" au bout de la nuit contre Sebastian Baez lors de son entrée en lice à Roland-Garros. Gêné pendant de longs mois par les blessures et plusieurs rechutes, le Français s’offre une revanche magnifique, un an après son abandon ici-même au Canada en huitièmes de finale contre Jack Draper.
"C’est beaucoup de travail, a-t-il confié dans une interview accordée à Tennis TV. L’objectif est de rester en forme. Il arrive que mon corps craque au niveau du pied, du poignet, de l’épaule, du genou etc. Je dois trouver l’équilibre entre jouer trop et pas assez et m’entraîner pour permettre à mon corps de supporter la pression et le stress que je lui impose. Quand je m’entraîne suffisamment et que mon corps est presque à 100%, je sens que je peux être encore compétitif. C’est pour ça que je suis ici."
Et ce ne sont pas ses trois dernières victimes en date qui diront le contraire. S’il a certes eu besoin de trois manches pour venir à bout de la sensation de Wimbledon Christopher Eubanks alors qu’il a servi pour le match dans le deuxième set, son récital contre Stefanos Tsitsipas au tour suivant (6/4, 6/3 en 1h25) a marqué les esprits. Particulièrement en veine sur sa mise en jeu (85% de points gagnés derrière sa première), impérial tactiquement en matraquant le revers adverse, il a également enclenché le mode pieuvre marathonienne pour ramener toutes les attaques du Grec sur le court.
Et maintenant : Sinner
Mais le plus dur était peut-être de confirmer physiquement après ce 35e succès en carrière face à un Top 10 mondial. Et une fois encore, Gaël a pris les choses en main pour se défaire sans trembler d’Aleksandar Vukic (6/4, 6/4 en 1h21). De quoi devenir à 36 ans et 343 jours, le troisième joueur le plus âgé (après Roger Federer et John Isner) à disputer un quart de finale en Masters 1000.
Désormais pour faire aussi bien qu’en 2016 et 2019, il a rendez-vous avec une star de la nouvelle Next Gen, en la personne de Jannik Sinner. Un défi physique et tennistique qui s’annonce immense et immanquable. "Ce sera un grand match, en night session (à partir de 2h du matin en France) a-t-il confié avec le sourire. Je suis impatient et j’espère vraiment être à 100% parce que je veux prendre du plaisir et jouer une partie difficile demain."
De son côté, l’Italien exempté de premier tour (il est tête de série n°7 et n°8 mondial) s’est débarrassé de son compatriote Matteo Berrettini avant de bénéficier du forfait d’Andy Murray, blessé aux abdominaux.
Alcaraz s’est employé, Medvedev assure
Le vainqueur de la confrontation entre Monfils et Sinner pourrait bien retrouver le patron du tennis mondial dans le dernier carré. Carlos Alcaraz – qui s’est entraîné avec le sourire contre le Français – a enchaîné une 14e victoire consécutive face à Hubert Hurkacz. Un succès à l’arrachée pour le champion de Wimbledon puisque ce dernier a lâché la première manche avant d’exceller dans les deux jeux décisifs suivants (3/6, 7/6(2), 7/6(3) en 2h38).
Victime d’un trou d’air alors qu’il servait pour le match à 5-2 dans le dernier set, le numéro un mondial devra sans doute se montrer plus pragmatique face à Tommy Paul. "Honnêtement, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, a-t-il expliqué après la rencontre. Les grands joueurs ont cette capacité à trouver un moyen de rester en vie et d’essayer de conclure le match en jouant bien. Dans les moments difficiles, il faut croire en soi et tout faire pour gagner."
Dans l’autre partie de tableau, Daniil Medvedev n’a pas connu les mêmes difficultés pour se défaire de Lorenzo Musetti (6/4, 6/4 en 1h33). Toujours aussi impitoyable sur dur (31 victoires pour seulement 3 défaites en 2023), le champion de l’édition 2021 a lessivé le Transalpin par son excellente couverture de terrain. En confiance, la tête de série n°2 affrontera Alex de Minaur qu’il a déjà battu quatre fois en cinq rencontres.
Attention tout de même au "démon", auteur d’un succès solide face à Taylor Fritz – alors qu’il était mené 5-1 dans la première manche – pour rallier un premier quart de finale en Masters 1000 en carrière. "Ça fait du bien de franchir enfin cette barrière, a-t-il confié à l’issue de la partie. Je ne m’avoue jamais vaincu, peu importe le score, je me battrai toujours jusqu’à la fin."
A noter que la dernière affiche opposera Alejandro Davidovich Fokina, vainqueur dans le money time de Casper Ruud, à Mackenzie McDonald.
Swiatek, un air de Roland
Tout comme son homologue numéro un mondial, Iga Swiatek a dû batailler dans un remake de la finale de Roland-Garros face à Karolina Muchova (6/1, 4/6, 6/4). Un combat de 2h47 qui s’est en fait étalé sur neuf heures en raison des interruptions liées aux mauvaises conditions climatiques à Montréal. "Il a fallu trouver de l’énergie même si nous étions dans le stade depuis 9h du matin, c’était une journée très particulière, a-t-elle confirmé. Je pense que je n’ai jamais connu une telle situation dans ma carrière. C’est nouveau et ça a été l’occasion de voir de quoi je suis capable, même si nous avons joué ce match en trois fois."
Une pluie qui explique d’ailleurs les bouleversements de la programmation puisque Aryna Sabalenka, Liudmila Samsonova, Petra Kvitova et Belinda Bencic n’ont toujours pas disputé leur huitième de finale. Déjà qualifiée pour les quarts grâce à son 49e succès de l’année, Swiatek est quant à elle assurée de rester au sommet de la hiérarchie pour une 72e semaine consécutive. Elle devra toutefois se méfier de l’ouragan Danielle Collins, issue des qualifications et qui a balayé Elina Svitolina (6/2, 6/2), Maria Sakkari (6/4, 6/2) et Leylah Fernandez (6/2, 6/3) dans le tableau principal.
Petit quart entre amies
Titrée le week-end dernier à Washington, Coco Gauff a confirmé ses très bonnes dispositions en écœurant Marketa Vondrousova (6/3, 6/0 en 1h02). Celle qui n’a pas perdu le moindre set lors de ses six dernières sorties a elle-même été surprise par l’ampleur du score face à la championne de Wimbledon : "Je ne m’attendais pas à un score pareil. Ces derniers temps, elle jouait un très bon tennis et sortait d’une victoire en Grand Chelem. Je suis donc très contente de ce que j’ai fait aujourd’hui."
D’un point de vue psychologique et émotionnel, le challenge s’annonce beaucoup plus relevé en quarts de finale puisque l’Américaine affrontera sa partenaire de double et amie Jessica Pegula. De retour à la 3e place mondiale depuis lundi, cette dernière n’a eu aucune difficulté à se débarrasser de Jasmine Paolini (6/4, 6/0).
Enfin, le dernier quart de finale programmé (en attendant la fin des huitièmes) opposera Elena Rybakina à Daria Kasatkina.