Eliminés avant même les quarts de finale, les grands favoris de l’épreuve ont ouvert un boulevard à un sacre surprise à Shanghai. Une opportunité en or parfaitement saisie par Hubert Hurkacz, vainqueur de son septième titre en huit finales disputées. Sur le circuit féminin, Qinwen Zheng, Jessica Pegula et Leylah Fernandez ont également soulevé un trophée ce week-end.
Shanghai : Hubert Hurkacz fait coup double
En remportant le deuxième Masters 1000 de sa carrière, le Polonais s’est replacé dans la course aux Finales ATP de Turin.
Une aubaine pour "Hubi"
En acceptant l’invitation des organisateurs du tournoi de Shanghai afin d’y être célébré, Roger Federer ne s’attendait sûrement pas à assister à une finale de Masters 1000 entre Hubert Hurkacz et Andrey Rublev ce dimanche. Seulement les éliminations successives des favoris (Medvedev, Tsitsipas et Fritz au 3e tour, Alcaraz, Sinner et Ruud en huitièmes de finale) ont ouvert une brèche dans laquelle les deux hommes n’ont pas manqué de s’engouffrer, avec brio. Sérieux et dominateurs tout au long de leur parcours, ils ont fait honneur au prestige de l’événement en livrant une finale de haut niveau durant laquelle la tension a atteint son paroxysme dans le tie-break de la troisième manche.
Impérial au service (21 aces, 81% de points gagnés derrière sa première balle), le joueur déjà titré dans cette catégorie à Miami en 2021 a rapidement pris les devants dans cette rencontre avant de voir son adversaire hausser son niveau de jeu et se montrer de plus en plus agressif pour recoller à une manche partout. Sur sa lancée, "Rublo" s’est procuré une balle de break à 1-1 dans le troisième set mais n’est pas parvenu à la convertir. Dominateur dans l’échange, la puissance et la violence de ses frappes n’ont pas fendu le mur de sang-froid et de réalisme à l’engagement dressé de l’autre côté du filet. Logiquement amenés à disputer un jeu décisif malgré une première balle de match en faveur du Polonais au retour à 5-4, les deux protagonistes ont remis une pièce dans le distributeur à suspense.
Mené 3-0 puis 5-2 dans cet exercice périlleux, le désormais 11e joueur mondial a gardé son calme légendaire pour s’accrocher, bien aidé faut-il le rappeler par la qualité de sa mise en jeu. Auteur de quatre aces au cours de ce tie-break, il a d’abord sauvé une balle de match à 5-6 avant de conclure sur sa quatrième tentative (6/3, 3/6, 7/6(8)) en 2h06). "Nous avons tous les deux eu des balles de match dans le tie-break, a expliqué le champion à l’issue de la rencontre. Nous nous sommes battus, nous avons eu nos chances… Andrey jouait un très bon tennis et je savais que je devais prendre des initiatives. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour rivaliser, rester positif et garder la foi jusqu’à la fin. C’est une finale et vous donnez tout ce que vous avez sur le terrain."
Turin n’est plus très loin
Un 7e titre en carrière (seul Pablo Carreño Busta avait réussi à le battre en finale à Montréal en 2022) qui n’a pas comme seul et unique mérite de garnir l’armoire à trophées. En effet, Hurkacz a également quitté Shanghai avec 1000 points de plus dans sa besace. De quoi se relancer complètement dans la course au Masters de Turin. Avec 2775 points, il occupe le 11e rang à la Race et n’est plus qu’à 335 points de la dernière place qualificative, actuellement occupée par un Holger Rune en difficulté et dont le contingent de points à défendre est très conséquent.
"En abordant ces deux semaines ici à Shanghai, je savais qu’il fallait que je me donne une chance de croire à Turin, a-t-il poursuivi. J’avais besoin de gagner des tournois, donc c’est un très bon début ! Avec toute mon équipe, on a vraiment apprécié ce moment mais ce qui compte c’est de réussir à nous améliorer et de profiter. On va essayer de faire de notre mieux et continuer à nous battre."
Derrière son sourire et sa timidité, celui qui semble s’excuser auprès de son adversaire après chaque victoire cache une ambition justifiée. Ses qualités mentales et tennistiques lui promettent une fin de saison en apothéose lors des derniers rendez-vous européens avant éventuellement de s’envoler pour le Piémont, comme lors de l’exercice 2021.
Zheng et Pegula, comme à la maison
Également en Asie depuis plusieurs semaines, le circuit féminin a fait escale à Zhengzhou, Séoul et Hong Kong la semaine passée. Sur la lancée de son premier quart de finale en Grand Chelem disputé lors du dernier US Open, Qinwen Zheng a remporté son premier tournoi WTA 500 (le deuxième trophée de sa carrière après le WTA 250 de Palerme en juillet) à domicile.
Poussée par un public entièrement acquis à sa cause, la "Révélation de l’année 2022" a renversé Barbora Krejcikova (2/6, 6/2, 6/4 en 2h26) pour devenir la troisième joueuse chinoise sacrée dans un événement de cette envergure. "Sur le court, au moment de la balle de match, j’étais tellement heureuse ! Tous les spectateurs criaient pour moi, ils me soutenaient à fond et c’est un sentiment assez inexplicable, a-t-elle confié après la rencontre. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas mais en fin de compte, l’important est de gagner le match. Je suis très heureuse et je vais en profiter avec toute mon équipe."
Un sacre glané deux semaines seulement après l’arrêt de sa collaboration avec Wim Fissette et qui valait bien une chanson pour la joueuse de 21 ans !
Du côté de Séoul, Jessica Pegula a fait respecter son statut de tête de série n°1 pour s’offrir son deuxième titre de la saison après celui obtenu à Montréal. Déjà finaliste à Tokyo, "Jpeg" n’a laissé aucune chance à la Chinoise Yue Yuan (6/2, 6/3), devenant au passage la première Américaine titrée dans la capitale sud-coréenne depuis Venus Williams en 2007. Une victoire à la saveur particulière pour la joueuse de 29 ans, dont la mère est Coréenne.
"Ce titre est très spécial, a confirmé l’intéressée sur ses réseaux sociaux. Je suis à moitié Coréenne. Je ne parle pas le coréen et je découvre encore ma culture (ma mère a été adoptée après avoir été abandonnée devant un commissariat) mais j’ai été bouleversée par le soutien des fans. Lorsque je suis venue jouer ici il y a 4 ans, ma mère a rendu visite à son orphelinat. Pour la première fois, elle s’est sentie prête à parler de son passé. Les problèmes de santé qu’elle a connus l’an dernier ont transformé ce tournoi en objectif à atteindre. Ça a été un tel honneur de jouer devant vous."
Enfin, au terme d’une intense bataille de 2h49 contre Katerina Siniakova, la Canadienne Leylah Fernandez a remporté son premier titre de l’année au WTA 250 de Hong Kong, le troisième de sa carrière après deux succès à Monterrey. Tombeuse notamment de Victoria Azarenka et des jeunes Mirra Andreeva et Linda Fruhvirtova, la finaliste de l’US Open 2021 a retrouvé son jeu et fait le plein de confiance après une période difficile à gérer. "Les deux dernières années ont été très difficiles, a-t-elle admis. Mais ma famille, mes parents et mon équipe sont restés à mes côtés. Ils m’ont motivée à continuer et le travail acharné porte ses fruits. J’espère que nous allons continuer dans cette direction."