Du soleil, la confirmation d’une tendance, deux masterclass tactique et technique et un multiple champion qualifié sans jouer en raison du forfait de son adversaire : voici ce qu’il ne fallait pas manquer ce mercredi à Wimbledon !
Wimbledon - J10 : Krejcikova de retour, Musetti défiera Djokovic !
De nouveau en pleine possession de ses moyens, la championne de Roland-Garros 2021 est pour la première fois au rendez-vous des demi-finales à Londres.
Krejcikova, au meilleur moment
Sans parler de sensation au vu de ses qualités et de son CV, Barbora Krejcikova (n°31) a créé une petite surprise en ouverture de programmation sur le Court n°1. Il faut dire qu’elle était opposée à une sacrée cliente puisque jusqu’ici, Jelena Ostapenko (n°13) n’avait passé que 4h15 sur les courts (contre 7h54 pour son adversaire), ne perdant que 15 jeux en quatre rencontres… Toute la question était de savoir si la Tchèque parviendrait à cadenasser et contrer la puissante Lettonne dans ce face-à-face de championnes de Roland-Garros. Scoop : elle a réussi au-delà de ses espérances pour s’offrir le droit de découvrir le dernier carré de Wimbledon (6/4, 7/6(4) en 1h40).
Un nouvel accomplissement dans sa carrière qu’elle doit principalement à la mise en place d’une excellente tactique tout au long du match. Bien lancée par un break précoce, elle a refusé de jouer à "qui frappera le plus fort depuis sa ligne de fond de court ?" s’employant constamment à ralentir le jeu pour forcer son adversaire à essayer de faire une différence. En conséquence, cette dernière a commis 35 fautes directes pour seulement 16 coups gagnants, son plus faible total dans une partie depuis le début de la quinzaine.
Menée 4-1 dans la deuxième manche, la 32e mondiale n’a jamais paniqué, bien au contraire. Elle a continué de bloquer les engagements adverses et d’alterner les petites balles rasantes et les coups à plat pour rattraper son retard et disputer un tie-break, bien aidée par une couverture de terrain exemplaire et un service au rendez-vous (81% de points gagnés derrière sa première). Une stratégie payante et qui a eu le mérite de faire sortir Ostapenko de ses gonds.
Pour comprendre ce que ce succès représente pour Krejcikova, il suffit de revoir sa très belle joie après la balle de match. Régulièrement tourmentée par des problèmes physiques, la quart-de-finaliste du dernier Open d’Australie a manqué deux mois de compétition cette saison en raison d’une blessure au dos et a enchainé cinq défaites consécutives avant de stopper l’hémorragie sur l’herbe de Birmingham. Jamais elle n’aurait pu imaginer se retrouver en demi-finale ici. "Je n’ai pas les mots pour décrire ce que je ressens, a-t-elle expliqué en bord de court. J’étais tellement concentrée dans mon match, j’ai tout donné… C’est un grand moment pour moi, c'est l’une des plus belles expériences de ma carrière. J’ai connu des périodes très compliquées, y compris juste avant ce tournoi. Je veux remercier mon équipe, on a connu beaucoup de doutes mais je suis très heureuse de n’avoir jamais abandonné… Je suis en demi-finale de Wimbledon, c’est génial."
Désormais, un nouveau très gros test l'attend puisqu'elle affrontera Elena Rybakina en deuxième rotation demain.
Rybakina en démonstration
Imperméable à la pression, la désormais grande favorite de cette édition 2024 a de nouveau joué une partition sans fausse note pour éliminer Elina Svitolina (6/3, 6/2 en 1h01). Combative et accrocheuse, l’Ukrainienne est parvenue à réaliser le premier break de la rencontre avant de se retrouver complètement dépassée par la puissance et la précision de la championne 2022. Toujours aussi impressionnante sur sa mise en jeu – 7 aces et 85% de points gagnés derrière sa première balle malgré un taux un peu faible (51%) –, elle a fait la pluie et surtout le beau temps sur un Centre Court à l’air libre (28 coups gagnants pour 15 fautes directes). "J’ai vraiment bien joué même si mon pourcentage au service n'était peut-être pas aussi élevé que lors des matchs précédents, a-t-elle analysé en conf’. Sur ma ligne, j’ai bien senti la balle et je suis assez satisfaite de ma performance".
Une 19e victoire en 21 rencontres au All England Club, qui lui ouvre les portes d’un dernier carré en Majeur pour la troisième fois de sa carrière et ne fait que renforcer son statut. "Vous êtes les seuls à me rappeler que je suis l’unique championne encore en lice, a-t-elle poursuivi. Personnellement, je n’y pense pas trop. En 2022, j’étais plus nerveuse que je ne le suis aujourd’hui, c’était la première fois que je jouais sur le Centre Court et il y avait beaucoup de monde et beaucoup de pression. Maintenant, je m’y suis habituée […] Bien sûr que je veux aller au bout et gagner de nouveau ici. Je m’en rapproche mais il reste encore deux adversaires qui seront coriaces."
Musetti prend le relais
On le sait, le tennis italien regorge de talents. Pour la première fois de son histoire, l’une de ses représentantes (Jasmine Paolini) a rallié le dernier carré du simple dames au All England Club. Et alors que le n°1 mondial Jannik Sinner a été éliminé aux portes de ce Top 4, l’un des plus beaux artistes du circuit a brillamment franchi ce plafond de verre. Dominé dans une première manche par un Taylor Fritz sur la lancée de son succès renversant face à Alexander Zverev, Lorenzo Musetti a réussi à prendre la pleine mesure de l’Américain pour l’emporter en cinq sets, le 37e match du genre dans cette édition 2024, record amélioré (3/6, 7/6(5), 6/2, 3/6, 6/1 en 3h27).
Mené d’un set et d’un break, le 25e joueur mondial a eu une sorte de déclic qui lui a permis de faire étalage de sa magnifique palette technique, d’abord pour égaliser et ensuite pour donner une leçon de variations à son vis-à-vis ainsi qu’à tout le public, sous le charme d’un jeu dont l’efficacité est redoutable sur cette surface. "J’ai gardé le meilleur pour la fin, a-t-il souri en bord de court. Dans le deuxième set, j'ai eu une grosse réaction et j'ai changé d'état d'esprit et d'attitude. Ça a fait la différence."
N’importe quel joueur face à de tels effets et de telles zones touchées serait devenu chèvre mais Fritz s’est accroché, décochant lui aussi quelques coups venus d’ailleurs. Usé physiquement et psychologiquement à force de visiter le terrain en long, en large et en travers, ce dernier a tout de même fini par lâcher prise, faisant ainsi une croix sur une première demi-finale qui semblait lui tendre les bras. A l’inverse, de l’autre côté du filet, le Transalpin de 22 ans peinait à croire que sa masterclass d'amorties et de slices le propulsait vers son premier dernier carré en Majeur. "C’est difficile de parler mais je vais faire de mon mieux. Je ne réalise pas encore […] On en avait parlé avec mon équipe, on espérait pouvoir jouer sur un grand court cette année ici. J’ai eu cette chance aujourd’hui, c’est incroyable et c’est un honneur."
Sa prochaine rencontre se disputera également sur un (très) grand court, en l’occurrence le Central. Et c’est désormais un défi d’une toute autre taille qui l’attend puisqu’il y affrontera le septuple vainqueur de l’épreuve vendredi.
Djokovic sans combattre
Les inquiétudes autour d’Alex De Minaur étaient grandes au vu de sa célébration très mesurée à l’issue de sa victoire en huitièmes de finale face à Arthur Fils. Elles se sont confirmées en fin de matinée lorsqu’il a convoqué une conférence de presse afin d’y annoncer son forfait pour le quart de finale qui devait l’opposer à Novak Djokovic. "Je suis dévasté mais je dois me retirer en raison d’une blessure à la hanche, a-t-il détaillé devant les journalistes. C’est une petite déchirure de la fibre cartilagineuse reliée aux adducteurs. J'ai senti un gros craquement lors des trois derniers points de mon match et le scanner a confirmé qu'il s'agissait d'une blessure avec un risque élevé d'aggravation. J’ai reçu les résultats hier et j’espérais encore me réveiller ce matin et ne pas sentir la blessure en marchant. Le problème, c'est qu'il suffit d'un étirement, d'une glissade ou de n'importe quoi pour que cette blessure passe de trois - six semaines à quatre mois. C'était trop risqué."
Qualifié sans jouer, le Serbe disputera vendredi sa 49e demi-finale en Grand Chelem, la 13e sur le gazon londonien (record de Roger Federer égalé).