La pluie n’a pas été la seule à tomber ce samedi sur les courts du All England Club. Respectivement opposées à Yulia Putintseva et Elina Svitolina, la reine du circuit et la double finaliste sortante ont quitté précocement le troisième Grand Chelem de la saison. Un tournoi à l’accent français puisque trois Bleus disputeront les huitièmes de finale !
Wimbledon – J6 : Putintseva fait tomber Swiatek !
Méconnaissable dans les deux dernières manches, la numéro un mondiale est éliminée dès le troisième tour de cette édition 2024.
Swiatek, nouvelle occasion manquée
L’herbe n’est finalement pas beaucoup plus verte pour Iga Swiatek. Très solide lors de ses deux premières sorties et pétries de bonnes intentions au coup d’envoi de cette édition, la championne de Roland-Garros a complètement explosé aujourd’hui sous le toit du Court n°1. Coupable de fautes grossières et inhabituelles (38 au total), elle a durement subi la loi de la Kazakhstanaise Yulia Putintseva, impeccable et suffisamment entreprenante pour renverser la patronne de la discipline (3/6, 6/1, 6/2 en 1h59).
Lancée vers un succès logique sur le papier à l’issue d’un premier set globalement maîtrisé durant lequel elle a réussi 19 coups gagnants, elle a perdu le fil alors que le tableau affichait 1-1 dans la deuxième manche. Elle a ainsi concédé neuf jeux consécutifs et ne s’est plus procurée la moindre balle de break. A l’inverse, son adversaire n’a commis que quatre fautes directes dans les deux dernières manches, trouvant les bons angles et usant parfaitement des amorties pour faire dégoupiller la Polonaise. Impuissante et agacée, cette dernière s’est tournée vers son clan à de nombreuses reprises et a pris son temps dans les vestiaires avant le set final mais rien n’y a fait.
Consciente de l'incroyable opportunité qui se présentait sous ses yeux, Putintseva n’a jamais desserré l’étau, se rappelant qu’en 2019, elle avait déjà battu la n°1 mondiale Naomi Osaka, sur l’herbe de Birmingham. "Je ne sais pas comment j’ai fait, c’est incroyable, a-t-elle souri sous les applaudissements nourris des spectateurs. Je suis restée concentrée, j’ai joué très rapidement pour ne jamais lui laisser le temps de s’organiser et ça a fonctionné. La tactique était simple : jouer intensément mon jeu sur chaque point. J’avais déjà battu une numéro un mondiale sur gazon et ça m’a inspirée. Je n’ai pas les mots, vous m’avez beaucoup aidée et vous m’avez ramenée à la vie à l’issue du premier set donc merci beaucoup."
Titrée à Birmingham il y a deux semaines, la 35e joueuse mondiale a donc enchaîné un 8e succès consécutif pour rallier le Top 16 pour la première fois de sa carrière à Londres. Elle y affrontera la Lettonne Jelena Ostapenko, de nouveau brillante face à Bernarda Pera (6/1, 6/3 en 59 minutes). La bête noire d’Iga Swiatek partira favorite de cet affrontement mais se méfiera forcément de la Kazakhstanaise…
Svitolina remet ça, Rybakina se signale
En 2023, Iga Swiatek était tombé sous les coups d’Elina Svitolina en quarts de finale. Cette année, l’Ukrainienne a fait encore mieux si l’on considère le palmarès sur gazon de sa victime du jour : Ons Jabeur. Après avoir sauvé une balle de break lors de sa première mise en jeu, la demi-finaliste sortante a survolé la première manche, mettant au supplice la double finaliste par ses variations et son incroyable couverture de terrain.
Davantage challengée par la suite, elle a parfaitement tenu sa mise en jeu pour emmener la Tunisienne dans un tie-break sous haute tension. Sa défense inoxydable et sa puissance, à l’image de ce coup-droit frappé pour mener 4-1 dans le jeu décisif, lui ont permis de définitivement faire la différence pour logiquement s’imposer 6/1, 7/6(4) en 1h20. "C’était vraiment une belle performance, s’est réjouie "Svito". Je suis très contente de mon jeu et de mes déplacements sur le court. C'était un très bon match pour moi. Je devais être concentrée du premier au dernier point, et je suis heureuse d'avoir réussi à le faire." Elle a désormais rendez-vous avec Xinyu Wang, qui a confirmé son joli succès face à Jessica Pegula en brisant les espoirs d’Harriet Dart (2/6, 7/5, 6/3 en 2h18).
A noter qu’avec les défaites de Swiatek et Jabeur, il n’y aura que trois joueuses du Top 10 en deuxième semaine : Coco Gauff, Jasmine Paolini et Elena Rybakina. La championne de l’édition 2022 a frappé un très grand coup en fin de journée en étrillant Caroline Wozniacki (6/0, 6/1 en 57 minutes !). Irrégulière au deuxième tour, elle a complètement remis les pendules à l’heure avant d’affronter une novice au stade des huitièmes de finale, Anna Kalinskaya (n°17), victorieuse de Liudmila Samsonova sur le court 18, sous les yeux de Jannik Sinner.
Le "french corner" : deux grandes premières, Humbert au défi Alcaraz
Un nom est sur les lèvres de nombreux observateurs ce soir : Giovanni Mpetshi Perricard. A 20 ans, le lucky loser français (il s’était incliné face à son compatriote Maxime Janvier au dernier tour des qualifications avant d’être repêché pour le grand tableau) n’en finit plus d’impressionner la galerie. Sa taille, son service et sa puissance avaient déjà fait grand bruit après ses succès contre Sebastian Korda et Yoshihito Nishioka. Mais face à Emil Ruusuvuori – tombeur de Stefanos Tsitsipas – son sang-froid, son timing et son aisance pour s’ouvrir les portes d’un premier huitième en Majeur ont subjugué les spectateurs. Intraitable sur sa mise en jeu après la perte de la première manche (27 aces, 84% de points gagnés derrière sa première), il a clairement pris le jeu en main (53 coups gagnants, 37/46 au filet) pour se défaire du Finlandais, qui n’a pas pour habitude de faire des cadeaux à ses adversaires (4/6, 6/2, 7/6(5), 6/4 en 2h12).
Cinquième joueur repêché à rallier le Top 16 de Wimbledon dans l’ère Open, "Gio" défiera l’Italien Lorenzo Musetti pour une place en quarts. Voilà qui ferait un très beau cadeau d’anniversaire, le jour de ses 21 ans… Plus jeune de quelques mois, son pote Arthur Fils est lui aussi parvenu à tirer son épingle du jeu face au toujours très accrocheur Roman Safiullin. Mené deux manches à une, le protégé de Sébastien Grosjean a eu le mérite de ne rien lâcher, de se battre sur tous les points et d’allier puissance et efficacité pour se donner le droit d’affronter Alex De Minaur, qui a profité du forfait de Lucas Pouille. Très heureux de sa prestation, il était également ravi pour GMP : "Je suis super heureux pour Gio ! On est tous les deux en deuxième semaine d’un Grand Chelem alors qu’on a grandi ensemble à Poitiers, on a des immenses souvenirs ensemble, on est des "frérots", je trouve ça magnifique."
Entre deux averses en début d’après-midi, Ugo Humbert s’est lui aussi hissé en huitièmes pour la deuxième fois de sa carrière. De retour sur le court 12 pour disputer le tie-break du 4e set face à Brandon Nakashima, il a eu la bonne idée de conclure sur sa sixième balle de match pour ne pas s’engager dans une 5e manche toujours piégeuse. Il y a cinq ans, pour sa première apparition en deuxième semaine d’un Majeur, le Messin avait subi la loi de Novak Djokovic.
Demain, il sera de nouveau au pied d’une montagne puisqu’il affrontera le tenant du titre Carlos Alcaraz sur le Centre Court ! "En cinq ans, il s’est passé plein de choses, s’est-il souvenu au micro de la FFT. En 2019 quand j’avais joué Djoko, c’était tout nouveau et j’avais beaucoup moins d’expérience que maintenant. J’avais plus d’insouciance aussi parce que je ne savais pas vraiment ce qu’il se passait (rires). Aujourd’hui, je peux m’appuyer sur de solides bases, je sais que tennistiquement, physiquement et mentalement je suis là. Je suis un joueur différent et c’est le genre de matchs que j’adore jouer. C’est pour ça que j’ai décidé de jouer au tennis. Je suis très content de pouvoir jouer Alcaraz demain."
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Federer et Guardiola inspirent Shelton et Zverev
Ronchon et moins mobile qu’à l’accoutumée au tour précédent face à l’invité britannique Jacob Fearnley, Novak Djokovic s’est montré plus autoritaire pour écarter de son passage Alexei Popyrin, malgré la perte de la première manche (4/6, 6/3, 6/4, 7/6(3) en 3h05). Une rencontre marquée par une interruption un peu particulière puisque le public toujours très mesuré du Centre Court, n’a pas pu cacher sa joie lorsque l’Angleterre a validé sa qualification pour les demi-finales de l’Euro 2024 à l'issue de la séance des tirs-au-but face à la Suisse !
C’est désormais Holger Rune qui attend le septuple vainqueur, lui qui s’est extirpé in extremis des griffes de Quentin Halys dans un match terminé sur le Court n°1 (1/6, 6/7(4), 6/4, 7/6(4), 6/1 en 2h59). Toujours chez les amoureux des rencontres au meilleur des cinq manches, Ben Shelton a remporté son troisième marathon consécutif face à Denis Shapovalov, enfin de retour à son meilleur niveau (6/7(4), 6/2, 6/4, 4/6, 6/2 en 3h05). Le showman américain, sponsorisé par ON, a pu compter sur la présence d’un soutien de marque, en la personne de Roger Federer.
Plus discret ou peut-être moins sous le feu des projecteurs que ses rivaux Sinner, Djokovic et Alcaraz, Alexander Zverev n’en est pas moins l’un des joueurs les plus impressionnants de cette première semaine. En confiance à son arrivée à SW19 et désireux de débuter une nouvelle histoire d’amour avec le gazon londonien, le finaliste de Roland-Garros impressionne match après match, notamment en termes d’engagement, de puissance et même de petit jeu au filet. Seulement ce samedi, il s’est fait une grosse frayeur sur le Centre Court, tout naturellement acquis à la cause de son adversaire Cameron Norrie. Mais la raison de cette sueur froide n’est pas uniquement en lien avec le vaillant Britannique, elle est la conséquence d’une très mauvaise chute survenue à 2-2 dans la deuxième manche.
Victime d’une extension du genou gauche, le 4e joueur mondial est resté un long moment au sol, ravivant de douloureux souvenirs pour son clan et ses fans. Plus précautionneux dans les jeux suivants et soigneusement strappé par l’équipe médicale du tournoi, il a connu davantage de difficultés dans le troisième set, finalement bouclé sur sa sixième balle de match au terme d’un tie-break absolument irrespirable (6/4, 6/4, 7/6(15) en 2h31).
Plus de peur que de mal pour l’Allemand, très souriant lors de son interview d’après-match, durant laquelle il n’a pas manqué de saluer Pep Guardiola, présent dans la Royal Box. "C’est un honneur de jouer devant la Royal Box, devant Pep Guardiola… Quand je l’ai vu, je suis tout de suite devenu très nerveux. D’ailleurs Pep, le Bayern Munich a besoin d’un coach… Et si jamais tu en as marre du football, tu peux me coacher sur un court de tennis quand tu veux ! (rires)"