Alors que la finale dames proposera une affiche inédite et sacrera ce samedi une nouvelle championne pour la huitième année consécutive, Carlos Alcaraz et Novak Djokovic ont particulièrement brillé dans le dernier carré et se retrouveront pour livrer un remake de leur formidable empoignade de 2023.
Wimbledon – J12 : Alcaraz et Djokovic, bis repetita
Le champion en titre s’est de nouveau défait de Daniil Medvedev pour rallier la dernière marche de cette édition 2024.
"Carlitos" trop fort pour "Meddy"
Dans deux jours, les Espagnols vont passer de nombreuses heures devant leur télévision… Moins impérial voire bousculé lors de ses précédentes sorties, Carlos Alcaraz a livré la prestation la plus aboutie de sa quinzaine pour mettre au pas un Daniil Medvedev ambitieux dans le jeu mais finalement assez largement dominé. Au terme de 2h55 d’un très beau combat (6/7(1), 6/3, 6/4, 6/4), le Murcien s’est qualifié pour sa 4e finale de Grand Chelem et défendra son titre ce dimanche.
En conférence de presse à l’issue de son quart remporté face à Jannik Sinner, Medvedev avait prévenu. "C’est très difficile de jouer contre Carlos parce que peu importe votre frappe, il peut la transformer en coup gagnant. Il peut tenter tout ce qu’il veut et de n’importe quelle position. Il faut donc lui rendre la vie difficile, essayer de frapper le mieux possible pour qu’il tente quelque chose et qu’il n’y arrive pas." Le point positif, c’est que le finaliste de l’Open d’Australie est un bon analyste. Le point négatif en revanche, c’est qu’il n’a réussi à vraiment embêter le Murcien qu’en début de quatrième set et lors d’une manche inaugurale accrochée et, il faut bien le dire, quelque peu décousue.
Une entame au cours de laquelle les deux hommes ont donné le ton de la partie. Aussi près de sa ligne que lors de sa dernière sortie et enclin à prendre le filet, l’élève des deux Gilles a tout fait pour priver son adversaire de temps de préparation. En conséquence, ce dernier a tenté des "coups" pour se défaire des tentacules de la pieuvre, avec plus ou moins de réussite (15 coups gagnants et 15 fautes directes en 57 minutes). Malheureux sur ses opportunités de break (2/8) au contraire de son adversaire (2/2), le champion a logiquement lâché ce premier set à l’issue d’un tie-break totalement maîtrisé par son vis-à-vis, de nouveau relâché après avoir reçu un avertissement pour comportement anti-sportif suite à de vigoureuses contestations quelques minutes auparavant.
Mais le fait de virer en tête ne lui a pas ouvert de boulevard. Comme face à Tommy Paul, ce déchet relatif dans le jeu et au service de "Carlitos" n’était que l’arbre qui cachait une forêt de puissance et de précision, pleinement révélée à la lumière du Center Court dans les sets suivants. Bien plus efficace sur sa mise en jeu (73% de points gagnés en premières sur l’ensemble du match), le vainqueur de Roland-Garros a totalement libéré son bras supersonique pour sortir "Meddy" du champ de la caméra et faire se lever la foule. Auteur de 55 coups gagnants dont 24 coups droits, il a mis en route la machine à hot shots pour dicter les échanges et imposer son rythme. "J’ai essayé différentes choses, notamment de raccourcir les rallyes et d’aller au filet autant que possible, a-t-il poursuivi. J’ai essayé de développer mon jeu et de ne pas dépasser les 10-12 coups par point. Mais c’était difficile de briser le mur."
Et si son bourreau dans le dernier carré de l’US Open a bien tenté de raviver la flamme en débreakant en début de quatrième manche, il a fini par craquer devant l’impact et la réussite de celui qui disputera sa deuxième finale consécutive en Majeur, la quatrième au total. Pour rappel, il a remporté les trois premières dont une légendaire ici-même face au septuple vainqueur, dont il recroisera la route dimanche. Mais cette fois, il aura une toute autre casquette vissée sur la tête. "J’ai l’impression de ne plus être ‘le nouveau’ désormais, je sais comment je vais me sentir avant la finale. J'ai déjà été dans cette position et je vais essayer de faire ce que j'ai fait pour gagner l'année dernière. Je vais essayer d'être meilleur et de reproduire les choses qui ont bien marché... Mais ce sera un match très difficile" a-t-il conclu.
Signé Djokovic
Comme on pouvait l’imaginer, sa quête d’un deuxième sacre consécutif passera bien une nouvelle fois par une dernière étape de montagne. Qualifié sans jouer pour le dernier carré (en raison du forfait d’Alex De Minaur), Novak Djokovic a pleinement confirmé sa montée en puissance en fin de journée contre Lorenzo Musetti (6/4, 7/6(2), 6/4 en 2h48), et semble prêt à jeter toutes ses forces dans la bataille pour conquérir un huitième titre – en dix finales – et ainsi égaler le record de Roger Federer.
Une perspective inimaginable il y a un peu plus d’un mois, lorsque le Serbe a annoncé subir une opération du ménisque du genou droit. "Il y avait énormément de doute, a-t-il confirmé en bord de court. En arrivant à Londres environ huit jours avant le début du tournoi, je ne savais pas si j’allais le jouer ou non. Toutes les options étaient sur la table jusqu’au jour du tirage au sort. Et puis j'ai joué quelques sets d'entraînement avec des joueurs de haut niveau et un match d'exhibition qui m'ont prouvé que j'étais suffisamment en forme pour non seulement participer mais aussi pour aller loin."
Pour se donner le droit de disputer une 37e finale en Grand Chelem, "Nole" n’a pas hésité à imposer son rythme et à prendre des risques (34 coups gagnants, 31 fautes directes). Il s’est également davantage projeté vers l’avant qu’à l’accoutumée (43 points gagnés sur 56 montées) pour prendre de vitesse le 25e mondial dont la finesse et la précision représentaient une réelle menace. Vainqueur d’un thriller face à Taylor Fritz en demies, l’Italien a d’ailleurs une dernière fois régalé le public londonien de ses frappes aussi puissantes que soyeuses. De très belles banderilles – à l’image de cet incroyable passing de revers en bout de course pour confirmer son break en début de deuxième manche ou encore de ce coup droit en contournant le filet dans le jeu décisif – qui ne lui ont toutefois pas permis de mettre en difficulté son prestigieux adversaire dans la durée.
Sans puiser dans ses réserves et en évitant soigneusement les glissades tout au long de la rencontre, l’homme aux 98 titres sur le circuit ATP (mais aucun en 2024) a fait un sans faute et s’avancera plus frais et plus déterminé que jamais ce dimanche pour tenter de remporter un 25e Majeur et ainsi devenir le joueur – hommes et femmes confondues – le plus titré de l’histoire de ce sport.
Mais il lui reste un obstacle à franchir, et pas des moindres… "Je suis très heureux et impatient de disputer une nouvelle finale, a-t-il poursuivi. Mais je ne veux pas m’arrêter là et j’espère que je mettrai la main sur ce trophée dimanche […] Carlos va gagner beaucoup d’autres tournois du Grand Chelem mais j’espère que ce ne sera pas le cas dans deux jours ! Dans le futur, quand je prendrai ma retraite, dans environ 15 ans ! Blagues à part, il m’a battu ici dans un thriller en cinq sets l’an passé et je ne m’attends pas à autre chose. C’est un joueur complet et il va falloir que je donne le meilleur de moi-même pour le battre." Le rendez-vous est pris.