Après une saison 2023 particulièrement glorieuse et enthousiasmante, les stars du circuit reprennent petit à petit le chemin des courts avec l’ambition de dominer leur discipline et de garnir leur armoire à trophées. Plus que jamais sur le toit du monde, Novak Djokovic s’avance de nouveau en chef de file d’un circuit qui fera tout pour le priver de nouveaux records.
ATP : que peut-on attendre de la saison 2024 ?
Une légende affamée, des rivalités exacerbées, un come-back particulièrement attendu et une jeunesse de plus en plus décomplexée : cet exercice 2024 s’annonce immanquable.
Djokovic – Alcaraz : que la fête recommence
Avec 24 Majeurs, 7 Masters, 40 Masters 1000 et 406 semaines sur le trône à son actif, Novak Djokovic possède déjà le plus beau palmarès du tennis mondial mais ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Seulement, au sortir de l’une des meilleures saisons de sa vie selon ses propres termes, que peut désormais viser le Serbe de 37 ans ? Eh bien tout, ou presque. "Je peux gagner quatre titres du Grand Chelem et une médaille d’or olympique, avait-il répondu non sans humour après son 7e sacre aux Finales ATP. On verra bien, j’ai toujours eu les plus grandes ambitions et les plus grands objectifs. Cela ne changera pas en 2024, c’est certain. Ma motivation est toujours là. Mon corps m’a bien rendu service, il m’a suivi et j’ai une excellente équipe autour de moi."
Celui qui n’est désormais plus qu’à 11 unités du record de titres de Jimmy Connors (109) débutera "son" Open d’Australie dans un costume de favori taillé sur mesure. Et mis à part un pépin physique, il en sera sans doute de même pour toutes les grandes échéances de l’année même si "Nole" a parfaitement conscience d’évoluer dans un milieu de plus en plus hostile, où les prédateurs sont légion. A commencer par son nouveau meilleur ennemi, Carlos Alcaraz, qui l’a privé d’un 8e sacre au All England Club à l’issue d’une finale mémorable. Phénoménal sur terre et déjà sacré sur dur (US Open 2022), le plus jeune n°1 mondial de l’histoire a donc prouvé qu’il pouvait également avoir la main verte en soulevant le célèbre trophée orné d’un ananas, presque à la surprise générale.
Un mois plus tard, les deux hommes ont réenfilé les gants pour livrer le plus beau combat de l’année en finale du Masters 1000 de Cincinnati. Une savoureuse revanche pour le "Djoker" bouclée en 3h49 et non sans avoir sauvé une balle de match. Et si les deux autres affrontements de l’année à Roland-Garros et Turin n’ont pas tenu toutes leurs promesses, on ne peut que souhaiter aux amateurs de tennis davantage de Djokoraz – ou d’Alcarovic, c’est selon – en 2024. Après tout, bien que le Père Noël soit rentré en Laponie, c’est encore la période des vœux…
Rafa, comme si de rien n’était ?
Si Novak Djokovic a dû sortir les crocs face à de jeunes loups pétris d’ambition durant toute la saison 2023, c’est aussi parce que son grand rival historique Rafael Nadal était absent des débats. Ecarté des courts suite à une blessure à la hanche survenue lors de son deuxième tour à Melbourne, le Majorquin a dû subir une opération avant de pouvoir reprendre doucement le chemin de l’entraînement. Début décembre, il a annoncé son grand retour en prenant toutes les précautions du monde quant à ses capacités et ses ambitions pour ce qui pourrait être sa dernière saison.
Seulement hier, 349 jours après sa dernière apparition en compétition officielle, il a disposé avec autorité de Dominic Thiem (7/5, 6/1), s’octroyant même le luxe de placer ici et là, quelques-uns des plus beaux coups de son immense palette. Un succès net qui amène dans son sillage non pas des interrogations mais de l’optimisme et de l’enthousiasme. Si la prudence est évidemment de mise, fans et observateurs gardent en mémoire qu’à l’issue de sa dernière longue absence, il avait effectué un come-back fulgurant en enchaînant 20 victoires consécutives pour s’adjuger trois titres (dont l’Open d’Australie) avant que Taylor Fritz ne vienne mettre fin à cette incroyable série en finale d’Indian Wells. Une autre époque, certes, mais le "Rafa" d’ores et déjà aperçu à Brisbane ne semble pas à des années lumières du niveau du reste du plateau.
Un Big 4 bien installé
Le vrai problème pour Nadal c’est qu’en son absence, la concurrence ne s’est pas privée de briller et de progresser. Un temps plombé par l’incroyable remontada de l’Espagnol en finale de l’AO 2022, Daniil Medvedev a retrouvé sa grinta et son énorme appétit. Avec 5 titres et 4 autres finales disputées en 2023 (dont celle de l’US Open), il devra très rapidement défendre de nombreux points mais pourra aussi en gagner, notamment lors des deux premières levées du Grand Chelem. Provocateur dans l’âme, celui qui assume pleinement le statut de spécialiste du dur sera craint partout lors de l’exercice à venir, son titre à Rome et sa demi-finale à Wimbledon faisant foi. L’actuel n°3 mondial compte bien continuer de s’intercaler régulièrement dans le duel "Nole – Carlitos" mais devra aussi regarder avec attention dans le rétroviseur.
En premier lieu, il y verra Jannik Sinner se rapprocher à grandes enjambées. Auteur d’une irrésistible ascension, l’Italien aura à cœur de rester sur sa lancée de l'exercice écoulé, durant lequel il a remporté ses plus belles couronnes de lauriers. Mais au-delà de sa progression tennistique évidente, ce sont ses récents déclics psychologiques qui font de lui un prétendant sérieux aux plus belles distinctions de la discipline. En conjurant le sort face à ses deux plus grosses bêtes noires (respectivement trois et deux victoires face à Medvedev et Djokovic en 2023) et en dominant le face-à-face contre Alcaraz, il s’est affranchi de ses derniers complexes et ne peut que rêver plus grand pour la suite de sa carrière.
Bien sûr, il faut s’attendre à ce que cette hiérarchie – très solide sur le papier – soit régulièrement bousculée par des stars plus ou moins attendues. Si Stefanos Tsitsipas, Casper Ruud ou encore Félix Auger-Aliassime voudront retrouver de leur superbe, Andrey Rublev, Hubert Hurkacz, Alex de Minaur (récent tombeur de Djokovic en United Cup) et les Américains Taylor Fritz, Tommy Paul, Frances Tiafoe et Sebastian Korda tenteront quant à eux de passer un cap supplémentaire. Mais le plus gros danger pour ces joueurs déjà bien installés réside sans doute dans une jeunesse triomphante qui a encore tout à prouver.
Place aux jeunes ?
Qui dit nouvelle saison dit promesses et bonnes résolutions. Si elles ne sont pas toutes simples à tenir sur la distance, la chance d’assister à la confirmation de nombreux espoirs du circuit est réelle. Guidées dans leur progression par les nouveaux modèles que sont Alcaraz (20 ans) et Sinner (22 ans), plusieurs pépites de 22 ans ou moins veulent atteindre les sommets. Déjà membre émérite du Top 10 et qualifié pour les Finales ATP en novembre dernier, Holger Rune (20 ans) s’est entouré de Boris Becker et de Severin Lüthi (ancien entraîneur de Roger Federer) pour reprendre sa marche en avant, légèrement interrompue par des blessures l’an passé.
Lorsqu’on parle d’entrée fracassante dans le monde des grands, difficile de ne pas songer au showman Ben Shelton (21 ans), quart de finaliste de l’Open d’Australie puis demi-finaliste à New York pour sa première vraie saison en dehors des Etats-Unis. Moins puissant et démonstratif, Lorenzo Musetti (21 ans) comptera sur son jeu léché pour enrayer sa relative stagnation au classement. Une liste complétée notamment par Matteo Arnaldi (22 ans), Jiri Lehecka (22 ans) ou encore Jack Draper (22 ans), le Britannique ayant été ralenti par des pépins physiques en 2023.
Mais aussi jeunes soient-ils, ces ainés de la Next Gen pourraient être rapidement dépassés par les protagonistes du dernier Masters de Jeddah. Doté d’une excellente structure pour progresser, le protégé de Novak Djokovic, Hamad Medjedovic (20 ans) a fait très forte impression en prenant le meilleur en finale sur Arthur Fils (19 ans), grand favori de la compétition. 36e mondial, le natif de Bondoufle compte déjà un titre (l’ATP 250 de Lyon) et deux finales (Anvers et Jeddah) à son actif. Son jeu spectaculaire à la Gaël Monfils et sa progression éclair attirent les foules et le placent légitimement au rang de future star dans l’esprit de tous les amateurs de tennis. Avec Luca Van Assche (19 ans), ils représentent l’avenir d’un tennis français qui se porte bien, à l’image d’Ugo Humbert (25 ans) et d’Adrian Mannarino (35 ans), constamment à la recherche d’une place confortable dans le Top 20.